Incompréhension

L'autre soir, des amis sont venus dîner à la maison. Ils font partie de ceux qui sont au courant de notre démarche, et de notre envie de longue date d'avoir un enfant. Du coup, nous leur avons expliqué la situation actuelle, et l'attente du verdict de vendredi... La réaction de notre ami m'a complètement refroidie : d'un ton très calme, il nous a enjoint à ne pas trop espérer, à ne pas nous mettre "martel en tête", et que si ça ne marchait pas cette fois-ci, ça marcherait la prochaine, et qu'on était jeunes, et que bref, finalement, ça ne valait pas le coup de s'emballer.

J'ai été vraiment blessée par un tel discours. Il m'a semblé finalement que cette personne n'avait rien compris à ce que nous vivions, à ce que nous traversions. Je sais que ce discours est plein de bon sens, et que dans le fond il a tout à fait raison. Ce n'est pas le problème. Le problème, c'est cette totale ignorance de la fébrilité avec laquelle nous attendons notre verdict. Et surtout qu'on ne peut pas faire autrement que d'être fébriles, d'y penser tout le temps. C'est un peu comme si je montais ma propre entreprise, que ça ne marche pas depuis plusieurs années, que je sois à la veille de signer le contrat qui pourrait me sauver les miches, et qu'on me dise "naaaan mais bon si ça marche pas c'est pas un drame non plus... tu recommenceras à travailler comme une dingue et ça finira bien par marcher..." Encore une fois, c'est VRAI. Mais ça ne fait pas partie des choses qu'on peut entendre à ce moment-là, et encore moins qu'on peut mettre en pratique.

Parce que la vérité, c'est que c'est tellement important pour nous, qu'on attend depuis tellement de temps, et surtout que ça demande tellement d'EFFORTS une tentative FIV, qu'on met littéralement tous nos oeufs dans le même panier d'espoir, à chaque fois, à chaque essai. Comment pourrait-on s'en détacher, surtout moi, alors que pendant des mois je vais plusieurs fois par semaine à l'hôpital pour faire analyse, que plusieurs fois par jour je dois prendre des médicaments et me faire des piqûres ? J'y pense chaque jour, chaque heure : "et si ça marchait ?" Et cette question, je ne peux pas l'effacer, ni la minimiser genre "ouais bon c'est pas grave". Elle devient la question centrale de ma vie.

Et je sais que ce n'est pas bon, que je risque - nous risquons - de tomber de haut en voyant nos espoirs déçus. Mais ce n'est pas cette certitude qui m'empêche d'y croire de toutes mes tripes et d'espérer encore plus fort.