Gros coup de mou...

Salut internet,

Aujourd'hui, je suis un peu au fond du trou. Je viens de commencer (hier) la stimulation ovarienne, et je pense déjà à l'issue de tout ça, au test de grossesse qui aura lieu mi-novembre (ma prochaine ponction aura lieu normalement fin octobre). C'est "seulement" ma troisième tentative, et j'ai l'impression que ça fait déjà tellement longtemps que je me débats avec tout ça... En fait, bientôt, en décembre, ça fera un an. Un an depuis la première consultation avec la gynéco spécialiste de l'infertilité. Un an d'examens, de tests, de traitements, d'hôpital, de faux espoirs et désillusions.

En un mot comme en cent, je n'en peux plus. Vous avez déjà ressenti ça, l'impression que le combat que vous menez vous dépasse complètement ? Hobbes me dit de continuer à me battre, qu'on se bat tous les deux, qu'il ne faut pas baisser les bras, ce genre de choses. La vérité, c'est que je n'ai pas du tout l'impression que c'est un combat, j'ai l'impression d'être une petite fille qu'on manipule contre sa volonté alors qu'elle n'a rien fait de mal. De mon côté tout va bien, je suis "fonctionnelle", je pourrais tout à fait tomber enceinte naturellement. Mais au lieu de ça, je suis baladée de consultation en consultation, je dois prendre des tas de médicaments, plus ou moins agréables (piqûres = ça va, mais par contre les ovules à se mettre dans la foufoune deux fois par jour = plein de traces collantes dans la culotte = inconfort = supra-glamour !). La vérité c'est que je ne contrôle rien. Je fais ce qu'on me dit de faire, je prends ce qu'on me dit de prendre, point barre. Tu parles d'un combat. Je ne maîtrise aucune partie du processus.

Mercredi dernier, j'ai fait ma première prise de sang + échographie. J'ai demandé à la sage-femme si pour la prochaine implantation c'était possible de me mettre deux embryons au lieu d'un seul. Elle m'a répondu que c'étaient les biologistes qui décidaient, et que la réponse serait certainement non vu mon âge. Voilà. Le seul micro-truc que je pensais pouvoir contrôler un minimum m'est refusé. Je ne peux même pas décider de ça.

Et en fait, c'est ça le vrai problème : c'est ce non-contrôle, cet abandon de responsabilité. Je serais franchement prête à mener le combat, comme dit Hobbes, à castagner dans tous les sens pour obtenir à la fin une grossesse, mais je n'en ai pas les moyens. Je suis contrainte de faire confiance au corps médical, aveuglément, sans parfois tout comprendre à ce qu'ils infligent à mon corps. Tout ça, encore une fois, alors qu'il n'a rien qui déconne, mon corps !!! Le pauvre, il n'a rien demandé, il fait son boulot correctement, mais voici qu'on lui demande de produire 10 fois plus d'ovules, en temps et en heures, de subir des piqûres, des examens invasifs ! Et comme il ne peut pas trop protester, c'est mon esprit qui prend le relais, et qui me dit "stop".

Alors bien sûr, je ne vais pas tout arrêter. J'irais jusqu'au bout. Je ne vais pas écouter longtemps cet état d'esprit défaitiste qui me crie qu'on n'y arrivera jamais. Je vais passer au-dessus, reprendre courage. Mais tout ça, ce faux optimisme, qui me souffle qu'un jour ça marchera, ça n'est basé sur rien, puisque rien ne dépend vraiment de moi. Ce n'est pas comme à l'école, où quand on espère une bonne note, on n'a qu'à travailler pour l'obtenir. Et c'est cette "impuissance" qui me tue, moi qui suis plus habituée à prendre ma vie en main, à prendre les décisions.

Et puis, à côté de ça, il y a la peur. Peur que ça ne marche pas cette fois-ci. J'espère tellement que ça marche, je sens tellement que cette fois-ci c'est la bonne, que si finalement ça ne prend pas je serais effondrée, ratatinée, désespérée. On verra bien. Je te tiens au courant, internet !